Le boudoir

Il y a une chose incroyable dans cet établissement, c’est cette dualité entre l’espace public et l’espace privé. Le rez-de-chaussée d’une part, ouvert et accessible à tous, et les étages d’autre part ou, lorsque vous montez les escaliers, vous entrez dans la sphère de l’intimité.

Au rez-de-chaussée, on peut encore imaginer les articles rangés dans leurs casiers, on arriverait presque à entendre les vis et les écrous résonner dans leurs boîtes métalliques, imaginer quelques clients déambuler dans les rayons de ce que fut cette illustre quincaillerie arrageoise.

Mais quand vous montez les étages, vous franchissez l’espace privé de la famille Lecup. On arrive à imaginer un intérieur cossu, des cadres accrochés aux murs jusqu’ aux lustres, on parviendrait presque à sentir l’odeur d’une soupe chaude prête à être versée dans un service en porcelaine, à entendre couler l’eau d’un bon bain chaud dans une des salles de bains, siffler la bouilloire ou essorer la machine à laver.

Pour l’époque, cet intérieur reflète une certaine aisance sociale et j’ai aimé sentir mes chaussons frotter sur le parquet des chambres à la tapisserie bien fleurie. Une armoire normande massive trône encore fièrement dans l’une d’elles, au style boudoir aussi feutré qu’en adéquation avec la pratique de la danse classique traditionnelle. Avec mon tutu et mes pointes, j’eus l’impression, pendant un instant, d’être dans un décor de théâtre à l’italienne.

Entrer chez Albert et en découvrir les étages privés, c’est changer de décor d’une pièce à l’autre, du boudoir au rococo, du vintage au rétro. Avec les idées lumineuses de David Penez, on s’en est amusé et on a figé ces moments de déambulations artistiques.